Rampe de lancement !

Un peu de jouvence !

J'arrive, une pochette à la main, ma trottinette de l'autre (oui, une trottinette ça change la ville...), je monte l'escalier, je me gare contre un radiateur et j'entre dans la classe. Là, les enfants se lèvent avec des sourires jusqu'aux oreilles, ils me chantent un bonjour en canon et ça se met à résonner incroyablement en moi. Ils sont en CE2, et je me dis que d'une certaine façon il y a déjà quelque chose entre eux et moi, alors que je ne les connais pas. Il y a la maîtresse, la "Madame" bien sûr qui a amené la rencontre, l'a préparée, mais il y a autre chose dont je comprends très vite la raison avec les premières questions avides, le bras pointé vers le plafond à s'en déboîter l'épaule.

Entre nous, il y a Angèle ma Babayaga de Kerménéven ! Depuis le début de l'année, la maîtresse leur a lu le roman à voix haute et ils ont vibré, ils ont eu peur, ils ont ri, ils ont été soulagés que cela se finisse bien ("Moi, j'ai adoré le chapitre 10", "Moi, j'ai bien aimé la fin, la manchette avec le dessin du masque et des plumes et "ça c'est ma Mémère Angel"). Entre nous, il y avait donc déjà beaucoup.

Alors les questions sur Le papillon d'hiver, que je venais présenter avec mes exemplaires perso (eh oui, encore quelques jours avant la sortie), ont fusé. Les hypothèses, les certitudes sur la couverture, la quatrième de couv, l'illustration de la page 35 ! Et finalement, ils ne tombent pas très loin, mais je laisse les appétits s'aiguiser... parce que nous avons décidé que je reviendrai une fois qu'ils auront lu le roman. Là, ils me diront s'ils ont aimé ou moins, ce qu'ils ont pensé de l'objet livre, des personnages... Et avant d'aller voir leurs camarades de CM1, ils m'ont demandé la lecture. Et là, le moment le plus puissant, je mesure mes mots. Les enfants se mettent en position d'écoute, c'est-à-dire qu'ils lâchent leurs corps, qu'ils le sortent de la droiture scolaire. Beaucoup plongent la tête dans les bras, une oreille à l'air, mais c'est tout leur corps qui écoute par cette oreille (qui me regarde aussi). Et je commence. Chapitre 1 : "Gris!" Mais avant, juste avant, je lis la citation en exergue : "Est-ce que, quand tu es seul dans le silence, tu t'allonges dans la neige, et tu rêves comme les enfants ?" Question d'un de mes enfants. Et déjà là, par cette simple question, le silence. Et puis après, très vite, les rires, clairs, éclatants, les pupilles brillantes, et puis après, chapitre 2, et le silence, il va se passer quelque chose... Tom a trouvé un billet de vingt euros au fond de sa poche...Je m'arrête, je dois aller voir leurs camarades... Les enfants me disent : "- A bientôt !" - Oui, c'est clair, à bientôt ; comment ne pas revenir à cette source...?

Je traverse une salle, je rejoins les CM1. Ils sont plus grands, un peu plus sérieux, plus droits sur leurs chaises. C'est le cours moyen ! Plus l'élémentaire ! Mais ici aussi il y a quelque chose entre nous : Angèle, toujours, que je suis venu leur présenter l'an dernier à la même époque. Eux découvrent avec moi la couverture, la 4ème du Papillon d'hiver. Je les fais parler, et très vite je me rends compte que la couverture, et ce petit Tom en doudoune jaune les attrapent par le coeur. Ils veulent savoir ce qu'il fait là, ce qu'il attend, vers quoi il va, et là aussi leurs hypothèses sont toutes un point d'entrée dans l'histoire. Alors je leur demande s'ils veulent la lecture : ce "oui" qu'ils libèrent me fascine absolument. Ce besoin d'histoire, de voix "conteuse".

Là j'ai un peu plus de temps alors je lis les deux premiers chapitres. Et tout de suite, je sens les CM1. Les rires arrivent moins vite, ils s'autorisent moins vite, mais ils se propagent quand même. Et puis le chapitre 2, et là ça devient sérieux. Le billet, le chemin vers la gare et les derniers mots du chapitre : "Et soudain il se fige." Ma lecture aussi, leur respiration aussi, leurs regards se suspendent. Je m'arrête et je profite des trois quatre secondes de beau silence.

C'est l'heure de la récréation. Ils s'envolent et beaucoup me disent "à bientôt", d'autres me disent "moi j'attends le 16 pour l'acheter", ou "moi je vais le lire, j'ai trop envie de savoir la suite".

Moi, je reprends ma trottinette, et je ne sais pas comment dire, avec la sensation que moins de choses autour me freinent.

Petit retard à l'impression !

Un papillon d'hiver devait sortir le 06 octobre, l'impatience montait et voilà qu'il va me falloir repousser d'une semaine encore le plaisir d'imaginer Tom arrivant dans les cartons des livreurs. D'imaginer le libraire installant le roman, l'ouvrant, le feuilletant, le lisant.
Alors bon, disons juste un petit contretemps :

Rendez-vous le 13 octobre !

Cromalin

De passage à Paris, je suis allé saluer l'équipe d'Actes sud junior et j'ai eu la chance de venir le jour où arrivait le cromalin. J'ai d'abord appris un nouveau mot ! Il s'agit d'une impression qui sert à valider les couleurs (ici de la couverture) et les noirs (des illustrations) avant de lancer l'impression. J'ai vu les grandes planches avec les dessins, et la couverture que définitivement j'aime beaucoup. J'ai aimé découvrir cette étape qui m'a un peu plus fait entrer dans le parcours qui va mener cette histoire, de son écriture à la lecture.
J'ai fini d'écrire ce roman il y a un an, mais l'accompagnement qu'A S J, en la personne de François Martin, m'autorise, me permet de garder ce texte très présent, très proche.
Bref, l'impatience monte...

Il y a d'abord eu ce premier crayonné.

Et j'avoue qu'à réception, j'ai été très touché par cette belle lecture du roman par Glen Chapron, jeune illustrateur découvert par Guillaume Berga, directeur artistique chez ASJ. Comme pour Angèle, Guillaume a eu l'œil, le flair.
Ensuite, j'ai eu les crayonnés qui accompagneront le texte et cette première impression s'est complètement confirmée. Glen Chapron a su saisir, se saisir du roman, et sans m'avancer, l'objet livre sera une fois encore un bel objet qui en octobre partira à l'aventure.

Le petit bonhomme assis s'appelle Tom, un personnage ancien dont une première histoire n'avait pas vraiment abouti. Alors, avec l'expérience d'écriture et de réécriture d'Angèle, j'ai eu envie de revenir vers lui, vers ce petit Tom que je ne pouvais me résigner à abandonner. J'ai repris des passages, j'ai changé son parcours, mais au fond, j'ai tout gardé du personnage, de ses questions, de sa tentation de la liberté, de son désir de l'ailleurs, détour souvent nécessaire au retour sur soi et ceux qui nous sont proches, ici les parents. J'ai aimé revenir à Tom, à son inquiétude, à son courage, à ce qui un jour peut nous mener à nous jeter à l'eau vers l'inconnu de l'aventure. J'ai hâte maintenant d'avoir le livre entre les mains et petit à petit, il se livre à moi.

Hier, par exemple, j'ai reçu la couverture sans doute définitive.

J'aime la douceur et l'hiver des couleurs, j'aime ce petit Tom au bord de l'éclosion.
Bientôt arrivera le BAT (bon à tirer) pour une ultime relecture, avec les illustrations définitives. En attendant, comme pour Angèle, juste dire les titres des chapitres, en avant-goût :

1 Gris !
2 La liberté ou l'ennui
3 Partir
4 Vos papiers !
5 Gardiens d'anges et Ange gardien
6 Collier pour chien
7 A cœur ouvert
8 Neige
9 Aller avec retour
10 Tom petit homme